Le concept de littérature est aujourd'hui enrichi ou étouffé par ce qui fait vendre. L'écrivain peut écrire ce qu'il veut et le lecteur dénoncer ce qu'il souhaite … Tout ce qui était vérité hier est trahi aujourd'hui . Bien ou mal ?
Goce Smilevski est romancier, essayiste et auteur dramatique. Il est né en 1975, à Skopje ( Macédoine ). Il a fait ses études à l'Université St. Cyrille et St. Méthode de Skopje ( littérature comparée ), à l'Université Charles à Prague ( langue et littérature tchèques ), et à l'Université d'Europe centrale de Budapest ( Gender & Culture Studies ). Il a travaillé comme assistant à Prague, en tant que professeur de langue macédonienne à Kavadarci, et comme archiviste à Skopje. Romans : La Planète de l'inexpérience ( 2000 ), Conversation avec Spinoza ( 2002 ), La sœur de Sigmund Freud ( 2007 ). Conte : La petite princesse ( 2007 ). Théâtre : Trois pas de dans au-delà du désespoir ( 2006 ). Essais : L'inceste dans La mélodie et la fureur de William Faulkner et L'homme sans qualité de Robert Musil. Prix : - Prix de l'Union Européenne de littérature 2010 pour La soeur de Sigmund Freud - Roman de l'année ( décerné par le journal Utrinski Vesnik, Macédoine, 2002 ) pour Conversation avec Spinoza ; - Prix Blaze Koneski pour l'essai L'inceste dans La mélodie et la fureur de William Faulkner et L'homme sans qualité de Robert Musil ; - Prix du Pen Club autrichien pour la pièce Trois pas de danse au-delà du désespoir. Ses œuvres sont traduites en anglais, allemand, polonais, tchèque, slovène, serbe...
Je n'ai aucune aptitude à m'ériger en juge, je laisse donc la parole à Colette Beaufort qui la réclame pour dénoncer le contenu du roman -La liste de Freud – de Gorce Smilevski
Écoutons Colette
A propos du roman de Gorce Smilevski : « La liste de Freud ».
Choquée par la façon dont cet auteur joue avec les faits historiques, en invoquant son droit à l’invention, j’ai relevé des extraits I.d’une interview (l'humeur vagabonde , émission de France Inter du 18 sept), 2. de l’article d’Elisabeth Roudinesco paru dans Le Monde le 20 septembre 2013, et 3. de la réponse qu’il lui a adressée (reprise dans le blog Michel Rotfus –Médiapart):
1.Kathleen Evin demande: « Y a-t-il des documents sur les conditions du départ de Freud ?
Réponse de Gorce Smilevski : Non, nous n'avons pas de document sur son départ, sur les conditions de ce départ. (…) Je ne sais pas, on ne sait pas pourquoi, il a fait ce choix… ». [ Il existe, en fait, des documents]
2.Elisabeth Roudinesco […] on est saisi d’effroi quand on sait qu’il est traduit en une vingtaine de langues, qu’il a reçu un prix et qu’il est destiné à prouver aux historiens que Freud était réellement le premier responsable de l’extermination de ses soeurs.
Histoire d’en remettre un peu, l’éditeur français a choisi un autre titre : La liste de Freud, quand la traduction littérale aurait donné La soeur de Freud. Manière de faire du Viennois un anti-Schindler.
Pour mémoire, rappelons que Freud n’a pas rédigé de « liste » et qu’il a quitté Vienne le 4 juin 1938, en compagnie de Martha, sa femme, Anna, sa fille, Paula Fichtl, sa gouvernante, Lün, sa chienne et le docteur Josefine Stross. Aucun des acteurs de cette histoire n’est parvenu à obtenir une autorisation de sortie pour Adolfine et ses sœurs, toutes quatre âgées de plus de 70 ans. Adolfine mourut de dénutrition à Theresienstadt, le 5 février 1943, Paula fut gazée à Maly Trostinec en même temps que Maria, et Rosa Graf à Treblinka, en octobre 1942.
3. réponse de G.S. à E.R. : « s’il est exact que les quatre sœurs sont mortes dans des camps différents et dans des conditions différentes, j’ai cependant souhaité les représenter faisant face à la mort ensemble car il m’avait semblé qu’une telle évocation avait davantage de force poétique »
4.Par ailleurs, comme le fait remarquer un participant à AgoraVox, le média citoyen (19 sept):
« En 1938, la guerre n’a pas encore éclaté – un courant pacifiste très fort agite l’Europe, au point que le Ier ministre anglais lui-même, d’un retour d’un voyage à Berlin en 1939, est convaincu que la guerre n’aura pas lieu. […] Ainsi en procédant à un anachronisme manifeste, l’auteur Smilevski procède également à une manipulation historique. […] Il (Freud) ne pouvait pas imaginer le sort qui les attendrait. »